Bonjour 👋
Nous sommes à l’édition #37 des Mondes de demain, bienvenue aux 6 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente.
La semaine dernière, je me suis octroyée un “lundi philo”, en rejoignant le philosophe Charles Pépin pour une masterclass passionnante.
Sur place, j’ai été frappée par une idée centrale : notre obsession de la planification pourrait bien être l’un des plus grands malentendus de notre époque. Alors que l’on valorise partout le talent de prévoir – en entreprise, à l’école ou dans nos vies personnelles – Pépin invite à questionner cette injonction à l’anticipation parfaite.
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L’inattendu : mal nécessaire ou source de joie ?
Notre cerveau est programmé pour tirer des leçons du passé et prédire l’avenir à partir de ce qui a été. Mais cette mécanique, si elle rassure, nous pousse souvent à généraliser abusivement et à nous enfermer dans des scénarios catastrophes qui ne se réaliseront jamais.
Résultat : nous sommes angoissés et incapables de nous jeter dans l’action, persuadés que l’avenir serait un long passé. C’est d’ailleurs souvent le travail des thérapeutes de casser cette croyance et de montrer qu’une mauvaise expérience dans le passé n’est pas condamnée à se reproduire.
Pourtant, la vraie vie, celle qui nous fait vibrer, surgit précisément là où on ne l’attend pas. Ce n’est pas pour rien que les meilleurs voyages sont ceux associés à des galères. Lacan disait : “le réel, c’est ce contre quoi on se cogne.”
C’est la personne qu’on ne pensait pas rencontrer. Celle qu’on ne pensait pas aimer (demandez à Charles Swann chez Proust, ci-dessous). Le voyage qui sort des chantiers balisés. La balade réalisée par erreur…
Alors le plus beau résumé est celui de Bergson : “la vie est une création continue d’imprévisibles nouveautés.”
Prévoir l’échec
Notre obsession pour le contrôle et la précision se traduit aussi dans nos modèles sociaux et économiques. En management, par exemple, nous jugeons souvent sur la qualité du plan (dédicace à François Bayrou, ex “Commissaire au plan”).
Or, Pépin invite à renverser cette logique : et si la véritable compétence, c’était plutôt notre capacité à nous adapter quand le plan échoue ?
Il ne s’agit pas de rejeter la planification, mais de redéfinir son rôle. Planifier, oui, mais avec souplesse, en explorant plusieurs scénarios possibles et en laissant une place à l’inconnu. Prévoir en sachant que ça ne va pas marcher, et réussir à s’adapter.
Un équilibre entre attentes et surprises
Il faut donc s’engager avec des attentes, en étant capable de garder un rapport souple au réel. En somme, savoir faire de la place à l’inattendu.
À ceux qui détestent les surprises (j’en fais partie), le philosophe rétorque qu’ils n’aiment pas assez la vie (c’est cadeau, en passant). Et s’il est violent, c’est surtout pour montrer que l’obsession technicienne de l’anticipation (exemple : dire qu’on arrivera à 20h12 pour le dîner) relève d’une habitude qui enlève un peu de surprise à la vie.
Et il n’a pas totalement tort, je dois l’avouer.
C’est ce que Pépin nomme l’apologie de l’instant présent. Être vivant, c’est réussir à accueillir ce qui déstabilise et accepter la déception. Et parfois même, l’aimer. Parce que chaque déception porte en elle une preuve : celle que la vie est encore capable de nous surprendre.
Et c’est dans cette surprise que réside la vraie vie.
Pas celle que l’on avait prévue, mais celle que l’on finit par aimer malgré tout.
Vous vous en souviendrez, j’espère, la prochaine fois que j’arriverai avec 10 minutes de retard sans prévenir.
Cette attente, si chère à Roland Barthes, sera votre friction au réel.
Et mon ultime détestation des montres qui font du bruit ⌚️
À dans quinze jours,
Pauline
PS : Et faites battre le petit cœur juste tout en bas de cet e-mail, ou laissez un commentaire si ça vous a plu. C’est important pour moi ❤️
Magnifique conclusion dont je vais me resservir avec délice !
"Mille excuses, je vais avoir un peu de retard, je vous laisse profiter de ce moment de friction au réel" 😊
C'est un thème qui résonne beaucoup chez moi 😊J'ajouterais aussi que l'obsession du contrôle et de cette nécessité à tout prix d'anticipation et de planification sont quelque part "culturels" aussi. J'habite entre la France et le Vietnam et je vis, j'observe une différence significative dans la gestion de cet aspect entre les deux cultures. Merci encore Pauline pour ce magnifique billet ❤️J'aime beaucoup Charles Pépin aussi !