Bonjour,
Nous sommes à l’édition #62 d’Aligné, bienvenue aux 13 petits nouveaux qui nous ont rejoints depuis la fois précédente.
Alors que je finissais d’écrire mon essai sur le solopreneuriat (maintenant, j’attaque la phase de réécriture), je me suis rendue à l’évidence : je ne veux pas scaler.
Peut-on vraiment entreprendre et refuser la forte croissance ?
‼️ C’est mon thème du jour

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“Tenir n’est pas durer”
Dernièrement, j’ai lu le dernier livre d’Emmanuelle Duez, “Où sont passés nos rêves d’émancipation par le travail”, et j’ai beaucoup aimé. Une phrase m’a marquée dans la lecture. C’est un adage connu dans la Marine nationale, qui dit : “Tenir n’est pas durer”.
C’est beau, cette phrase, “tenir n’est pas durer”. Elle raconte tout du parcours des entrepreneurs : cela ne sert à rien de tenir “quoi qu’il en coûte”, vous ne durerez pas. L’expérience est trop complexe et trop éprouvante pour les nerfs. Pensez à notre situation politique et économique du moment, et vous comprendrez.
Cette phrase a été comme un petit écho à une réflexion que je me fais depuis plusieurs mois, depuis que j’ai été grandement aidée par un coaching express sur des enjeux liés à ma trésorerie. Et que j’ai travaillé ce qu’était ma “vie riche”. Spoiler : ça n’a rien à voir avec l’argent (lisez Fab Florent sur le sujet).
Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre que, contrairement à des profils comme Jérémy Kohlmann ou le couple Hormozi, je n’ai pas le business comme passion. Je ne me lève pas le matin avec le désir impérieux de gagner des millions d’euros à la faveur de tunnels de vente bien optimisés, de nouveaux clients signés et de projets de formation sans cesse renouvelés.
Si l’entrepreneuriat, c’est “le million ou rien”, alors franchement ça sera rien. C’est moins d’emmerdes.
C’est d’ailleurs la thèse de Paul Jarvis dans son bouquin “Company of one”. Scaler n’est pas la réponse à toutes les problématiques entrepreneuriales.
“Rester petit n’est pas obligatoirement un état transitoire ou la résultante d’un échec commercial. Rester petit peut, au contraire, devenir un vrai objectif, une stratégie à long terme assez ingénieuse.”
Ode à la stabilité
Or, ce que l’on célèbre rarement chez les indépendants, c’est la stabilisation.
On parle de cap franchi, de chiffres doublés, mais très peu de ceux qui choisissent volontairement de ne pas croître, de ne pas embaucher (même d’autres freelances), de ne pas « scaler ». Comme si rester à une taille choisie était une preuve d’échec ou un manque de vision.
En off, un entrepreneur à succès m’a un jour dit : « scaler, c’est l’enfer. Si je t’ai convaincu de ne pas le faire, j’ai gagné. »
Sa remarque m’a touchée, lui qui était coincé dans des tunnels d’ads et de croissance à renouveler tous les jours. Elle était la preuve qu’il fait partie, comme beaucoup d’autres, de ceux qui ont éprouvé dans leur chair que la croissance perpétuelle n’est pas un horizon toujours désirable.
Ma vie est plus grande que mon business
Souvent, les entrepreneurs que je fréquente parlent de leur “vallée de la mort”, ce moment de croissance où les dettes techniques, humaines ou organisationnelles sont trop fortes par rapport au cash généré. Un chaos à gérer vraiment critique.
Moi, la Vallée de la mort, je préfère la photographier aux États-Unis. Et on ne le dit pas assez, mais il n’y a aucun mal à cela.
J’ai donc délibérément choisi un seuil de revenus, un volume de clients et un tempo de travail.
Le plus dur, c’est de m’y tenir. Pas par manque d’ambition, mais plutôt par conscience des conséquences. J’en parle peu, mais l’année a été difficile pour moi, autant en termes de sens que de santé.
Savoir refuser est donc un art : couper les ads, refuser un client grand compte qu’on sent mal, refuser des calls de découverte… C’est si difficile.
Il n’y a pas toujours de « six chiffres » à fêter, mais une satisfaction plus discrète : celle d’une activité qui tient bon, d’un agenda qui respecte les cycles de ma vie et d’un rapport au travail qui ne brûle pas l’intime.
Durer, donc, plutôt que tenir.
Refaire de la liberté une pratique
Avec cette décision, chaque jour peut (re)devenir un espace de négociation entre ce que je pourrais faire et ce que je veux vraiment.
Je pense ici à Sacha (en photo), qui a plusieurs fois raconté sur LinkedIn avoir eu des propositions d’investisseurs pour sa boîte, des idées pour se développer à vitesse grand V, et qui s’est toujours tenu au sens de son entreprise : écrire des histoires de famille, et vivre une vie riche de rencontres, de bien-être et de quête de soi. “Le reste, je te le laisse” (comme dit la chanson).
J’insiste : la chose la plus difficile est de savoir ce que l’on veut vraiment, quitte à tester des choses, à se tromper et à s’éloigner de notre idéal.
Moi, la normalienne, khâgneuse jamais guérie, il a fallu que j’aille me frotter à ce que le monde du scale a de pire pour me rendre compte que je m’éloignais de ce qui compte.
Parfois, donc, le plus difficile, ce n’est pas de vouloir, mais de ne pas vouloir. En somme, assumer que l’on pourrait, mais qu’on ne fera pas.
Et peut-être est-ce cela, au fond, la liberté dans sa forme la plus mature : ne pas chercher à tout maîtriser, mais refuser de se trahir pour une illusion de performance.
Dans cette version-là, la liberté peut redevenir non pas un slogan de solopreneur, mais bien une pratique intime.
À mardi prochain,
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Je suis venu sur Substack pour ce genre de post. MErci.
Tu mets le doigt sur un tabou entrepreneurial : l'obsession toxique du scale.
J'ai vu trop de solopreneurs se transformer en prisonniers de leur propre succès.
Ils quittent le salariat pour être libres et finissent esclaves d'un système qu'ils ont créé.
La vraie question :
→ Est-ce que ton business te libère ou t'emprisonne ?
→ Est-ce que tu contrôles ta croissance ou elle te contrôle ?
→ Est-ce que tu vis ou tu survis ?
Le paradoxe, c'est que beaucoup de "success stories" cachent des vies détruites.
Des entrepreneurs qui ont tout gagné sauf leur liberté. Une bonne grosse Victoire Pyrrhique.
Ta phrase me marque : "Durer, donc, plutôt que tenir."
Ça fait écho au fait que le business est un Jeu Infini selon la théorie de Carse : celui qui gagne, c'est celui qui continue à jouer. Et dans ce contexte, la meilleure façon de continuer de jouer et de suivre un rythme que l'on peut tenir sur des décennies.
- La productivité sacrificielle, c'est tenir.
- La productivité asymétrique, c'est durer.
Parfois, le plus difficile n'est pas de vouloir plus, mais de savoir dire non.
De protéger ce qui compte vraiment.
De rester maître de son navire.
Merci Pauline pour ta lettre, elle est comme une respiration ! J’entreprends depuis un peu plus de 3 ans et je savais dès le départ que je voulais rester à taille humaine. D’une parce que j’ai aucune envie d’avoir un « empire » (je déteste ce mot) et de deux parce que mon energie ne me le permettrais pas. Dès le début, je disais que j’étais pas prête à travailler avec tout le monde pour faire rentrer des sous et je sais que certains ne le comprenais pas. Ça me renvoyait l’image d’une baby entrepreneur qui n’avait aucune ambition pour sa boîte. Maintenant je sais que l’ambition est differente pour tout le monde et que c’est pas QUE vouloir grossir.